Un abri touché ...
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Les plus raisonnables, au sinistre appel de la sirène, répètent les gestes qui peu à peu sont devenus machinaux. Une valise est prête contenant tout ce qu'il faut sauver : argent, bijoux, nourriture ou simplement des lettres, des photos, des souvenirs. Dans l'abri, les habitués ont leur place où ils s'installent à leur aise sachant par expérience qu'ils sont peut-être là pour plusieurs heures. On s'assoit sur des bancs ou par terre, on se couche, on se tasse sur soi-même, la peur au ventre.
On guette le vrombissement des avions, le sifflement du bombardier en piqué et l'on se fait encore plus petit quand la terre est ébranlée par un impact proche. La prochaine bombe pourrait bien être la bonne. « Non, ce n'est pas encore pour nous. » On respire.
 Mais parfois hélas! c'est le drame : l'abri a été touché, l'issue obstruée.
A Rouen, le 30 mai 1944, 140 personnes sont ensevelies sous l'hôtel des Douanes. Le 31, nouvelle attaque. M. Lemesle, chef de poste de la D.P., relate les heures d'an­goisse qu'il a vécues, bloqué avec ses amis dans un abri. Un très sérieux éboulement a bouché la sortie. L'intérieur même de l'abri a été ébranlé et certains occupants sont blessés, isolés des autres par un enchevêtrement inextricable de poutres et de pierres. L'eau déversée par les pompiers sur les immeubles voisins en flammes commence à s'infiltrer et à monter.
De l'autre côté du mur, deux pompiers blessés vont mourir : « Nous les encourageons de la voix du mieux que nous pouvons... L'eau monte très vite et supposant qu'ils devaient être couchés nous les avons entendus mourir en recrachant l'eau; cela nous a paru atroce, interminable, et pourtant leur agonie n'a duré que deux ou trois minutes...
Il est 15 h 20 : maintenant nous avons 20 cm d'eau... nous pensons tous sans nous l'avouer à la fin que nous pourrons avoir -- asphyxiés ou noyés. Pelfrène essaie de nouveau de communiquer avec se femme mais n'obtient pas de réponse : elle est morte. Je ne peux plus commu­niquer avec les sauveteurs, mon tuyau se trouvant maintenant sous l'eau dont le niveau vient de monter brusquement de 30 cm en quelques secondes. » Lemesle et six de ses camarades seront dégagés à temps de cette cave.
le metro pendant un bombardement à Paris
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